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Accorder plus d’importance à l’argent qu’au temps… Un asservissement ?
#Whatinspiresme, Business

Accorder plus d’importance à l’argent qu’au temps… Un asservissement ?

#personaldevelopment |  Excellent article, circonstancié de statistiques édifiantes sur le sujet… Rechercher des expériences porteuses de sens, est une quête passionnante et enivrante ! Pour apprendre à jouer, à danser, à rire avec le temps, c’est maintenant et c’est par ici ! https://www.maintenantdemain.com/portfolio/gestion-du-temps/

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https://www.hbrfrance.fr/magazine/2019/07/26667-prenez-le-temps-detre-heureux/

Prenez le temps d’être heureux !

Le 11/07/2019
© GETTY IMAGES

Pourquoi la quête d’argent n’est pas source de joie – et qu’est-ce qui en est une.

Adam (l’histoire est vraie, seul le prénom a été changé) était un bon employé, qui espérait que le projet en or qu’on lui avait confié lui permettrait d’être promu et augmenté. La chose était entendue, comme on dit : il suffisait de travailler dur et de faire un super boulot pour gagner plus d’argent. Adam savait qu’il lui faudrait travailler tard le soir et parfois aussi le week-end, autrement dit qu’il devrait sacrifier le temps qu’il aurait dû passer auprès de sa jeune famille. Il savait que les délais, les individus à manager et les attentes seraient sources de stress. Mais il savait aussi que, au final, il serait récompensé et qu’il pourrait rattraper le temps perdu.

Sauf qu’il n’a pas été récompensé. Malgré le succès de sa mission, la promotion et l’augmentation ont été attribuées à un autre salarié, tout aussi méritant, œuvrant sur un autre projet. Après avoir reçu les félicitations d’usage, Adam a continué à travailler, mais il était malheureux. Le soir, coincé dans les embouteillages, il ruminait sur ce qui s’était passé et calculait combien d’heures il avait sacrifiées – tout ça pour rien. Il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il avait gâché, ou plutôt perdu, un temps précieux.

Adam a certes raison, mais des études montrent que, même s’il avait obtenu la promotion et l’augmentation promises, il ne se serait pas senti plus heureux. Quelles que soient les retombées de nos efforts, nous avons tous l’impression, et de plus en plus, de manquer de temps, et les choses que nous pensions en mesure de nous combler – les réussites auxquelles nous travaillons d’arrache-pied – ne nous comblent pas. Assurément, elles ne nous rendent pas le temps dédié à notre famille, à nos amis ou à nous-mêmes.

De nombreuses études montrent que jamais les Américains n’ont eu à ce point l’impression de manquer de temps. En analysant une enquête menée aux Etats-Unis auprès de 2,5 millions d’individus par Gallup Organization, mon équipe et moi-même avons découvert que 80% des répondants n’avaient pas le temps d’accomplir tout ce qu’ils souhaitaient faire dans la journée. La situation est si grave qu’on peut même parler de « famine », c’est-à-dire d’un échec culturel et collectif de la gestion de notre ressource la plus précieuse : le temps.

Le manque de temps existe dans toutes les strates économiques et ses effets sont profonds. Des études révèlent que les individus qui estiment manquer de temps sont moins heureux et montrent des niveaux plus élevés d’anxiété, de dépression et de stress. La joie est plus rare chez eux. Ils rient moins. Ils font moins de sport et sont en moins bonne santé. Leur productivité au travail diminue. Ils divorcent davantage. En analysant les données de Gallup, nous avons découvert que le stress lié au manque de temps impactait notre bien-être plus fortement que celui lié au chômage.

A plus large échelle, le manque de temps affecte les coûts de productivité des entreprises à hauteur de plusieurs milliards de dollars chaque année, auxquels s’ajoutent des coûts secondaires. Les organismes de santé publique le classent comme premier facteur d’obésité. Des chercheurs ont estimé le coût médical de cette forme de stress à 48 milliards de dollars par an.

Ironiquement, alors que nous avons l’impression de travailler aujourd’hui davantage qu’auparavant, les chiffres montrent que la plupart d’entre nous disposent de plus de temps libre que jamais.

Pourquoi alors avons-nous l’impression d’être à ce point débordés ?

Réponse : très probablement à cause de l’argent. Comme Adam, nous tombons fréquemment dans le piège du « travailler plus pour gagner plus », persuadés que, à long terme, l’argent fera notre bonheur.

Nous raisonnons à l’envers. En réalité, toutes les études montrent que les individus les plus heureux utilisent leur argent pour acheter du temps. Mes collègues et moi-même avons mené une étude expérimentale, corrélationnelle et longitudinale auprès de 100 000 travailleurs adultes du monde entier. Nous avons invariablement constaté que les individus prêts à sacrifier de l’argent pour obtenir davantage de temps libre – par exemple en travaillant moins ou en payant des prestataires pour les tâches déplaisantes – avaient une vie sociale plus épanouissante, des carrières plus satisfaisantes, sont plus joyeux et, dans l’ensemble, mènent des vies plus heureuses que les autres.

Alors, si vous deviez prendre une bonne résolution, basez vos décisions sur le temps et non sur l’argent que cela peut vous rapporter ! Ça n’est pas simple : notre monde, et même notre cerveau, sont câblés pour nous faire accorder à l’argent une valeur supérieure. C’est pourtant possible et je vous propose ici plusieurs stratégies, applicables dès aujourd’hui.

Pourquoi accordons-nous plus d’importance à l’argent qu’au temps ?

L’explication la plus évidente à notre manque de temps serait que nous consacrons plus d’heures que par le passé aux tâches quotidiennes et au travail. Cela est pourtant loin d’être prouvé. D’excellentes études sur notre temps libre suggèrent que, aux Etats-Unis, le temps de loisir des hommes est passé de six à neuf heures par semaine en cinquante ans, et celui des femmes de quatre à huit heures. Selon l’OCDE, en 1950, les Américains travaillaient en moyenne 37,8 heures par semaine, contre 34,2 en 2017.

Le manque de temps aurait plutôt d’autres causes, à savoir la richesse et l’insécurité financière. Selon plusieurs études menées auprès des moyens et hauts revenus dans divers contextes culturels en Europe, Asie et Amérique du Nord, les individus touchant les plus hauts salaires disent ressentir davantage la pression du temps. Une enquête menée auprès de 30 000 Australiens a ainsi révélé une corrélation entre le stress lié au manque de temps et les revenus élevés – or les gros horaires pratiqués par les hauts salaires ne suffisent pas à expliquer cet effet : les ménages les plus aisés pouvant se permettre d’engager du personnel de ménage ou de prendre le taxi plutôt que les transports en commun, ce manque de temps semble contre-intuitif.

Il devient toutefois logique si on y intègre la théorie de la denrée rare, qui dit que toute ressource perçue comme précieuse est aussi perçue comme rare. Par conséquent, plus notre temps est payé cher, plus celui-ci nous paraît précieux et plus la perte d’un seul instant nous paraît grave.

Le sentiment d’insécurité financière, indépendamment de la richesse réelle, pousse aussi certaines personnes à prioriser la quête d’argent par rapport à la quête de temps. Car certaines personnes qui ne sont pas sûres d’avoir le même emploi ou le même niveau de rémunération dans le futur préfèrent gagner plus d’argent plutôt que d’avoir plus de temps.

En dépit de la corrélation inverse entre richesse matérielle et temps disponible, la plupart d’entre nous continuent à s’échiner à gagner plus d’argent. Dans notre enquête, seuls 48% des répondants ont déclaré qu’ils préféreraient avoir plus de temps que plus d’argent. Les autres, y compris ceux à qui le temps manque le plus – les travailleurs à temps plein ayant de jeunes enfants – priorisent l’argent. Même les plus riches font eux aussi passer l’argent avant le temps.

Ainsi, près de la moitié des 818 millionnaires interrogés nous ont déclaré ne pas utiliser leur argent pour déléguer à d’autres les tâches qu’ils aiment le moins. Et quand nous avons demandé à 98 individus ce qu’ils feraient d’une rentrée imprévue de 40 dollars pour améliorer leur bonheur, seuls deux ont répondu qu’ils achèteraient de quoi gagner du temps. Des 300 adultes en couple à qui nous avons demandé ce qu’ils feraient avec 40 dollars pour favoriser le bien-être de leur partenaire, seuls trois ont répondu qu’ils les utiliseraient pour lui offrir du temps.

Personne ne semble pourtant manquer d’idées quant à la façon d’économiser quelques heures : 99% des répondants à une étude sur le sujet ont su citer une corvée qu’ils aimeraient sous-traiter. Or, selon plusieurs recherches additionnelles, seuls 17% dépensent effectivement de l’argent pour se l’épargner. Et ça n’est pas non plus faute d’idées sur la manière d’occuper le temps ainsi gagné : la plupart nomment plusieurs activités qu’ils aimeraient pratiquer s’ils en avaient le temps, même si très peu « achètent » le temps nécessaire pour les mettre en œuvre.

Pour freiner cette course contre le temps et améliorer notre bien-être, le principal défi n’est pas financier, mais psychologique : nous croyons, à tort, qu’être riche nous facilitera la vie. Même les individus ayant 10 millions de dollars sur leur compte en banque pensent devoir accroître considérablement leur richesse pour être plus heureux !

Plusieurs études révèlent, par exemple, que beaucoup de candidats surestiment le salaire et les primes dans les offres d’emploi, convaincus que la paie, la couverture sociale et les autres avantages financiers tels que les régimes de retraite sont des facteurs déterminants de satisfaction professionnelle. A l’inverse, ils sous-estiment la valeur d’un emploi du temps flexible.

Pourtant, en analysant les réponses de 42 721 employés d’une enquête Glassdoor, mon équipe et moi avons découvert que les avantages non financiers – expériences sociales, opportunité de prendre des congés – impactaient plus fortement la satisfaction professionnelle que le salaire. Selon une autre étude, toute chose étant égale par ailleurs, des avantages tels qu’un congé parental généreux, des horaires aménageables et des congés maladie avaient un effet supérieur sur la satisfaction professionnelle qu’une hausse de 60 000 dollars du salaire annuel (sur un salaire moyen de 48 000 dollars) – un résultat constant indépendamment du revenu, de l’âge, du sexe, de la formation, du secteur, du type d’employeur, de la taille de l’entreprise et de son chiffre d’affaires.

Les études montrent qu’une fois qu’un individu gagne de quoi satisfaire ses besoins de base, l’argent gagné en sus n’est pas forcément source d’un accroissement de son bien-être. Pourtant, nos choix ne reflètent jamais cette réalité !

A long terme

Réfléchissez aussi à la manière dont vos arbitrages temps/argent impactent votre bien-être futur. Si vous choisissez un travail très bien payé, mais qui vous oblige à travailler 80 heures par semaine, vos relations avec vos proches et votre bien-être en pâtiront à long terme. Mes travaux montrent que les étudiants qui optent pour des carrières où ils gagneront beaucoup d’argent (mais auront peu de temps) voient leur bien-être chuter significativement entre un et deux ans après l’obtention de leur diplôme – et, au fil des années, les effets délétères de telles décisions s’additionnent.

Il est essentiel de réfléchir aux objectifs (autres que gagner de l’argent) que vous vous fixez pour les cinq à dix prochaines années. Vous voulez des enfants ? Si c’est le cas, privilégiez autant que possible le temps sur l’argent pour diminuer les conflits entre vie professionnelle et vie privée. Vieillir nous amène aussi à revoir nos valeurs. Mes travaux suggèrent qu’à mesure que nous vieillissons et disposons objectivement de moins de temps, nous commençons naturellement à favoriser les décisions qui nous offrent plus de temps. D’autres chercheurs ont découvert qu’en vieillissant, nous nous mettons à rechercher des expériences porteuses de sens (et non plus des activités rémunératrices).

 

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