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Le défi de l’intelligence artificielle, la transformation individuelle grâce au QC ?
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Le défi de l’intelligence artificielle, la transformation individuelle grâce au QC ?

#artificialintelligence | L’humain doit désormais cohabiter avec l’IA. Le QC sera déterminant à l’avenir, car il nous permettra de construire un monde où les humains et les algorithmes pourront cohabiter en bonne intelligence. Excellent article sur l’exploitation à bon escient de  l’IA, pour construire maintenant le monde de demain en prenant en comptes les impacts écologiques, sociétaux, humains et financiers.

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https://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2019/07/26996-le-qi-est-mort-vive-le-qc/

Le QI est mort, vive le QC !

Le 15/07/2019 // par Virginie Rio-Jeanne

© GETTY IMAGES

Mesurer la capacité de chacun à prendre des décisions en intégrant les impacts de celles-ci sur les générations futures, c’est l’ambition du quotient du niveau de conscience (QC).

L’intelligence artificielle (IA) est désormais partout : sur notre téléphone, par le biais de notre assistant vocal, lorsque nous voyageons – 300 000 capteurs sont embarqués sur un A 380 opéré par Air France-KLM – ou encore lorsque nous effectuons une requête sur Google. Les dirigeants de la firme de Mountain View considèrent d’ailleurs que leur société n’est plus seulement un moteur de recherche mais un algorithme d’intelligence artificielle. Un algorithme qu’ils soignent tout particulièrement en offrant à leurs meilleurs développeurs des salaires avoisinant les revenus des footballeurs internationaux.

A mesure que les algorithmes d’IA sont remaniés et que leur base d’entraînement augmente, elles ne font que monter en puissance. Prenons l’exemple de Google : son algorithme fait l’objet de révisions chaque année afin de permettre une amélioration constante de la pertinence des résultats de recherche. En parallèle, Google ingurgite chaque seconde des montagnes de nouveaux contenus qui lui sont soumis pour référencement et optimise ses résultats de recherche. Or, plus ses résultats sont pertinents, plus Google assoit sa position de leader incontesté sur son marché, plus les barrières à l’entrée pour les challengers deviennent infranchissables. La situation n’est pas prête de changer, car en se tournant massivement vers Google pour référencer leurs pages Web, les responsables de contenu offrent au moteur de recherche la data qui lui permettra de creuser toujours plus profondément l’écart avec ses compétiteurs. Le président de la Russie Vladimir Poutine a lui-même affirmé : « L’IA est l’avenir de tout le genre humain. Celui qui deviendra le leader dans ce domaine sera le maître du monde. »

Des prédictions inquiétantes

Face à cette montée en puissance inexorable de l’IA, c’est un avenir sombre qui s’annonce. Les Chinois s’intéressent de très près à la sélection génétique pour améliorer le QI des nouvelles générations. L’historien Yuval Noah Harari, auteur de « Homo Deus : une brève histoire du futur » (Albin Michel, 2017), prédit un monde scindé en deux avec les « gods » ( les personnes augmentées par les biotechnologies et l’intelligence artificielle) et les « useless » (les personnes n’ayant pas accès à l’IA et qui vivront du revenu universel).

Laurent Alexandre, chirurgien et auteur de « La guerre des intelligences »(JC Lattès, 2017) prédit pour sa part un « apartheid » intellectuel et préconise de positionner les personnes ayant plus de 115 de QI sur des métiers liés à l’IA et les personnes ayant moins de 115 de QI en dehors des métiers liés à l’IA. Quant à Elon Musk, il a créé en 2017 la société Neuralink, pour développer des interfaces homme machines implantables dans le cerveau.

Une autre solution à explorer

Le problème de toutes ces théories, c’est qu’elles considèrent que la seule façon de faire face à l’IA, c’est de développer les fonctions cognitives de l’être humain. Une telle façon d’appréhender la problématique conduit à des recommandations effrayantes : soit on trouve le moyen d’augmenter le QI des humains (via la sélection génétique ou via des implants cérébraux…), soit on divise la société en deux avec d’un côté des dieux et de l’autre des perdants.

Cependant, contrairement à l’intelligence artificielle, l’homme ne se limite pas à un QI et à ses fonctions cérébrales. La solution serait peut-être de trouver le moyen de renforcer ce qui distingue l’homme de l’IA et donc de développer la complémentarité de l’homme vis-à-vis de celle-ci. La mesure du QI n’a plus aucun sens car, quoi que nous fassions, nous finirons par être complètement dépassés par les algorithmes. Tenter de lutter contre la montée en puissance de l’IA en utilisant ses propres armes est un combat perdu d’avance.

Or, un des éléments qui fonde notre humanité et dont l’IA ne dispose pas, c’est la conscience. Evidemment, nous en sommes pas tous identiquement pourvus. Sauf que, contrairement au QI qui ne peut pas évoluer (sauf via implants ou sélection génétique), il est tout à fait possible de travailler son propre niveau de conscience.

Une définition de la conscience

Un journaliste américain parti en immersion auprès d’une tribu autochtone d’Amérique a livré la définition la plus pertinente de la conscience. Lors de son premier repas sur place, il est parti chercher des serviettes en papier dans sa voiture puis s’est approché du chef de la tribu pour les lui remettre. Mais ce dernier lui a demandé de les ramener immédiatement dans la voiture. Etonné, le journaliste a demandé pourquoi. Le chef de la tribu lui a alors répondu : « parce que chez nous, nous ne prenons pas une décision, nous ne posons pas une seule action, sans avoir préalablement réfléchi aux conséquences de cette décision et de cette action sur les sept générations futures ».

Avec l’intelligence artificielle, le défi est de nous transformer individuellement, de transformer nos entreprises et de transformer la société dans son ensemble pour cheminer vers plus de conscience. Après le QI, et le quotient émotionnel (QE), apparaît donc la nécessité d’instaurer le quotient du niveau de conscience (QC). Concrètement, il vise à mesurer la capacité de chacun à prendre des décisions en intégrant les impacts de celles-ci sur les générations futures. Plus notre niveau de conscience sera élevé, plus notre complémentarité à l’IA sera forte, et plus notre survie individuelle et collective sera assurée sur le long terme.

Vers une mesure de la conscience

Le QC sera déterminant à l’avenir, car il nous permettra de construire un monde où les humains et les algorithmes pourront cohabiter en bonne intelligence. Ainsi, c’est grâce à son niveau de conscience élevé qu’un être humain pourra décider de mettre sur pied une solution d’IA permettant de résoudre un problème sociétal irrésolu. C’est aussi grâce aussi à son niveau de conscience élevé que l’homme pourra surveiller et corriger les algorithmes lorsque ceux-ci intègreront des biais préjudiciables à l’environnement, aux minorités, etc.

Le QC doit devenir la norme non seulement sur le plan individuel mais également organisationnel. Le QC d’une organisation serait mesuré en prenant en compte son impact écologique, sociétal, humain et financier, à la fois au niveau de ses algorithmes et en dehors de sa stratégie IA.

L’impact écologique prendrait en compte le taux de C02 émis par cette entreprise ainsi que ses efforts pour le diminuer. Il prendrait également en compte les accidents écologiques et leur fréquence. Il prendrait aussi en considération les efforts déployés par l’entreprise pour gérer la fin de vie de ses produits, dans une optique de recyclage ou de réemploi. Enfin, il intégrerait les impacts environnementaux des décisions prises par les algorithmes qu’elle aura développé.

L’impact sociétal pourrait être mesuré en évaluant l’empreinte de l’entreprise sur les sociétés dans lesquelles elle opère, partout dans le monde. Par exemple, s’est-elle déployée en détruisant des villages ? A-t-elle déjà fait travailler des enfants, même indirectement ? S’est-elle développée en détruisant le commerce local ou en pratiquant une forme de dumping ? A-t-elle développé des algorithmes d’IA porteurs de biais préjudiciables à certaines populations (minorités, femmes, enfants etc.) ?

L’impact humain pourrait être mesuré en évaluant l’impact de l’entreprise auprès des personnes leur offrant leurs services de manière directe et indirecte et de ceux consommant leurs biens et ou services. Par exemple, quel est le taux de burn-out au sein des employés de l’entreprise et parmi ses prestataires et fournisseurs ? Quel est le nombre de dommages causés par les biens et services vendus par cette entreprise ? Quels est le nombre d’accidents de travail survenus chaque année ? Quels sont les impacts négatifs humains causés par les algorithmes développés par elle ?

L’impact financier pourrait être évalué en mesurant l ’ « honnêteté » fiscale de l’entreprise. A-t-elle mis en place des algorithmes financiers incorporant des biais préjudiciables à certaines minorités (par exemple, un algorithme de détermination de taux d’emprunt bancaire pénalisant les habitants de certains quartiers) ? A-t-elle déjà été accusé de malversations ? Est-ce qu’un ou plusieurs membres du comité exécutif a ou ont été accusés de corruption sur les cinq dernières années ? Est-ce que tous les cadres de l’entreprise ont reçu des formations sur ces problématiques ?

Enfin, l’évaluation du QC passerait par une analyse approfondie de la raison d’être de l’entreprise. Pour obtenir un score positif sur ce critère, l’entreprise devra se focaliser sur sa raison d’être avant le profit. Tout comme la grille de mesure du QI, la grille d’évaluation du QC devrait être mise au point idéalement à l’échelle internationale. Lorsqu’une grille solide et cohérente aura été établie, il faudra désigner les cabinets aptes à auditer les grandes organisations pour établir des bilans QC de manière parfaitement indépendante, sur la base de questionnaires préétablis. A l’issue d’un bilan, l’entreprise auditée recevra une évaluation de son QC ainsi qu’un plan de préconisations pour limiter ses impacts écologiques, sociétaux, humains et financiers.

Les impacts négatifs d’un monde « datacratique »

L’investissement dans le QC comporte deux bénéfices clés. Il permet aux entreprises de développer leur complémentarité à l’IA et de proposer des offres mêlant conscience et puissance de calcul. Il leur permet aussi d’éviter les conséquences lourdes qui résulteraient d’un non investissement dans le QC. En effet, dans notre monde « datacratique » qui se caractérise notamment par une forte viralité de l’information, une entreprise qui n’investit pas dans l’augmentation de son QC finira tôt ou tard par voir ses pratiques (écologiques, humaines, sociétales, financières) dévoilées au grand jour et en subira les conséquences en termes d’image, de chiffre d’affaires et de survie commerciale.

Ainsi, l’augmentation du niveau de conscience, tant individuel que collectif, est aujourd’hui un défi majeur pour survivre dans ce monde d’algorithmes de plus en plus performants et dans lequel chacun émet et consomme de la data à chaque instant. Car sans cette élévation collective de notre niveau de conscience, non seulement l’homme ne pourra pas se démarquer de l’IA, mais en plus celle-ci ne bénéficiera pas du cadre et de la structure dont elle a besoin pour cohabiter en bonne intelligence avec lui.

Virginie Rio-Jeanne

Manager au sein du cabinet de conseil Willing, elle conseille les entreprises principalement sur leur stratégie de transformation. Diplômée de l’EMLYON Business School, elle a débuté sa carrière chez Accenture puis l’a poursuivie chez Total et dans une filiale d’Airbus. Suivez-la sur Twitter : @Virginie_RJ.

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