Une proportion d’un quart de salariés se sent souvent isolé : telle est la triste conclusion d’une enquête de l’Ifop  publiée au début du mois de juin . Cette population se déclare plus stressée, moins heureuse au travail, moins performante ou moins fidèle à l’entreprise. Face à ces résultats, les sociétés se doivent de réagir et de se recentrer autour de l’humain.

Un premier travail concerne les bureaux : le lieu de travail gagne à être pensé comme un lieu de vie. Alors que le télétravail  se popularise progressivement , il est de plus en plus important de donner la possibilité aux collaborateurs de se retrouver pour échanger autrement que derrière un écran. Un nombre croissant de start-up et de grands groupes ont pris conscience de cet enjeu et investissent massivement dans des locaux à la fois agréables, et propices aux rencontres et réunions de travail. Les aménagements de Blablacar oudu campus « Les Dunes » de Société Générale illustrent cette tendance.

Recréer du collectif

Un autre enjeu fondamental consiste à faciliter la mise en relation, au-delà des réseaux virtuels. Si les plates-formes digitales restent bien sûr des outils très puissants, il est essentiel de permettre aux collaborateurs de créer du lien, pour se rencontrer en chair et en os et combattre le sentiment d’isolement. A ce titre, différents types d’initiatives voient le jour. il existe, par exemple des applications comme Never Eat Alone –  récemment absorbée par Workwell – pour inviter des collègues à déjeuner, ou des formations entre collègues de « pair à pair »  à la place de modules en ligne .

Enfin, la clef consiste à recréer un sens du collectif. L’objectif est de dépasser les communautés virtuelles pour en faire naître dans le monde physique. Cela peut se traduire par des plénières avec les dirigeants, comme chez Google où les collaborateurs peuvent les interpeller de visu pour poser toutes leurs questions durant des sessions dédiées. Cela peut aussi passer par l’organisation d’événements à même de créer un fort sentiment d’appartenance, comme des TedX internes.

A l’image de ce que l’on observe dans d’autres environnements, un retour au monde réel s’opère.  Le cas du secteur de la distribution est éloquent : si les distributeurs disposent tous aujourd’hui de sites de e-commerce, ils réinventent également leurs points de vente physiques pour leur donner une nouvelle fonction, plus centrée sur l’humain. Un phénomène similaire touche l’entreprise : si le digital est un fabuleux outil pour les organisations, il ne suffit pas à créer de l’engagement et à garantir le bien-être des collaborateurs, facteur de performance. Maintenir un lien social s’annonce discriminant pour attirer les meilleurs talents et rester leader de son marché.

Laure-Anne Warlin est experte en prospective