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#management | Et si l’on parlait des émotions et du bien-être des managers ? Excellent post !
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PATRONS, CES OUBLIÉS DU BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL

BENJAMIN JANSSENS  PUBLIÉ LE 26/06/2019 À 14H02

Patrons, ces oubliés du bien-être au travail
Unsplash

La loi lui impose de préserver la santé de ses salariés, mais qui se soucie de la sienne ? La question se pose alors que la relation entre le bien-être du dirigeant et celle de l’entreprise est clairement établie.

Dans un environnement hyper compétitif, le chef d’entreprise incarne plus que jamais un Héros au sens mythologique du terme : ce «demi-dieu», cet «homme de grande valeur», cumule les qualités – il est invincible à défaut d’être immortel – et n’a donc pas droit à l’erreur. Dans ce contexte, un patron qui admet ses faiblesses est automatiquement cloué au pilori par la plèbe et le patriarcat. Pour preuve la sincérité d’Elon Musk sanctionnée par les marchés en août dernier après la parution d’un entretien accordé au New York Times (l’action de Tesla avait subitement chuté de 8,8%). «L’année écoulée a été la plus difficile et la plus douloureuse de ma carrière, c’était atroce», avait confié le patron médiatique, visiblement au bout du rouleau, avant d’ajouter : «Ça ne va pas fort. Des amis sont très inquiets».

Outre s’épancher sur son extrême état «d’épuisement» en partie dû aux difficultés rencontrées par l’entreprise, le PDG de 47 ans avait affirmé travailler cent vingt heures par semaine (soit dix-sept heures par jour), avoir du mal à se passer d’Ambien (un sédatif puissant et addictif) pour dormir, ne pas avoir pris plus d’une semaine de vacances depuis 2001 et souffrir de ne plus pouvoir consacrer du temps à ses proches.

Des révélations à rebours de l’image du dirigeant qui rassure, fédère et guide son équipe en toutes circonstances et au détriment de sa condition. Et la confirmation que le sentiment d’infaillibilité cultivé par un grand nombre de managers a un double effet négatif : il les empêche de s’écouter au risque de les exposer au burnout, d’une part, et d’impacter l’organisation jusqu’à la déstabiliser, d’autre part. Ce constat largement partagé en amène un autre, évident : si l’entrepreneur est responsable de l’entreprise, de ses enjeux économiques et sociaux, il n’en reste pas moins un être humain dont la santé – mentale et physique – doit être préservée à l’instar de tout salarié.

Compte tenu des responsabilités et des obligations propres à la fonction, ce bien-être devrait même être considéré «comme un actif intangible de l’entreprise, [une dimension] à intégrer dans le bilan financier au même titre que la prévention des risques psychosociaux dans le bilan social», selon Richard Delaye, Directeur de la recherche et de l’innovation du groupe de formation IGS (1).

Ces dernières années, diverses études ont été menées pour explorer la relation entre la santé du dirigeant et celle de l’entreprise, et apporter des solutions. Harmonie mutuelle, la première mutuelle santé française, en a commandé et publié deux parmi les plus intéressantes. Présentée en juin 2017, la première établit au moins trois vérités après croisement des indicateurs économiques des sociétés (chiffre d’affaires, résultats, investissements, etc.) avec les pratiques de santé de leurs dirigeants (2). D’abord, le nombre d’heures travaillées par semaine profite à l’entreprise jusqu’à un certain point : «à partir de soixante heures hebdomadaires (39% des interrogés), le travail (…) n’est plus productif, et devient peut-être même contre-productif», souligne l’enquête.

Ensuite, «la possibilité de s’absenter, notamment en cas de problème de santé, est facteur de performance», commente Lionel Fournier, Directeur région Atlantique Harmonie Mutuelle. Enfin, les activités extraprofessionnelles (sports et loisirs, au-delà de trois heures par semaine), les congés (cinq semaines et plus par an) et la durée du sommeil (à partir de sept heures) favorisent pareillement la productivité et la prise de décision.

Réalisée en début d’année, la seconde étude – exploratoire – offre un nouvel éclairage (3). «Certes, il existe une forte corrélation entre la santé du dirigeant et celle de l’entreprise, mais on distingue aussi des situations décorrélées, avec un tiers des sondés qui vont mal dans une entreprise qui se porte bien, lorsque la croissance est subie, par exemple, et inversement», dit Benoît Journé, Responsable du département gestion et conseil (GESCO) de l’IAE Nantes et l’un des pilotes du projet. «Cela signifie que la situation d’un dirigeant est dynamique, et qu’avec le temps, selon les cas, il peut rejoindre la zone d’équilibre, celle du patron et de la société en bonne santé, ou au contraire tomber dans la zone d’alerte, la zone rouge où tout va mal.»

L’analyse montre également des disparités par taille d’entreprise («Les dirigeants d’ETI ont les moyens de déléguer, ils sont dans un système qui leur permet de se préserver tout en développant l’activité, par opposition aux microentrepreneurs»), voire par secteurs («Dans le médico-social, l’information et la communication, les dirigeants semblent nettement plus exposés que dans l’industrie et le conseil »). Ultimes conclusions, qui valident celles d’études antérieures : «La difficulté à recruter et l’isolement apparaissent comme les plus grandes sources de stress et de dégradation de la santé du dirigeant et, corollairement, de l’entreprise».

Quels leviers faut-il alors activer pour assurer l’épanouissement du chef d’entreprise, condition sine qua non de la réussite collective ? Avant toute chose, celui-ci doit être – bien mieux – sensibilisé à sa santé, notamment par les acteurs publics (ceux de la santé et de la sécurité au travail) comme les organismes privés spécialisés (les assureurs, entre autres). Qu’il considère son état physique et psychique est fondamental, car prendre soin de soi génère de la clairvoyance. Et « l semblerait qu’un dirigeant conscient de sa santé se montre davantage responsable vis-à-vis de celle de ses collaborateurs», écrit Richard Delaye. C’est en tout cas ce qui permet à l’intéressé de «[se saisir] d’espaces de respiration qui sont autant de lieux et d’opportunités où il s’autorise à douter, où il pourra prendre du recul, développer son potentiel à observer ce qu’il pense et ressent, entendre et écouter son intuition et celle de ceux qui l’entourent», observent Xavier Michel, Nicolas Schmit, Noël Barbu, les auteurs d’une analyse détaillée de l’étude de 2017 (5).

Concrètement, cela signifie qu’il est plus à même d’exercer son droit à la déconnexion et de mieux répartir les temps de vie, de sorte à prendre du recul et stimuler sa créativité. Côté professionnel, il peut vouloir se former ou intégrer un club de dirigeants afin d’enrichir ses compétences (techniques, managériales, émotionnelles…) pour sortir de l’isolement. Ou encore pratiquer la méthode éprouvée du thinking outside the box avec un coach pour une approche inédite et décomplexée du moment présent.

Pour Benoît Journé, «la gestion des tensions est au cœur de la relation entre la santé du dirigeant et celle de l’entreprise». Par «tensions», il entend quatre rapports : au temps (concilier le court terme opérationnel et le long terme stratégique) ; à la taille de l’organisation (concilier la réussite et la menace, de perte de contrôle, ou les difficultés, de pilotage et de recrutement, que représente la croissance) ; aux parties prenantes (concilier les exigences souvent divergentes de tous les intervenants) ; à soi (concilier son investissement personnel et professionnel).

Pour y parvenir, l’analyste suggère la conception d’un outil d’autodiagnostic destiné à l’entrepreneur pour lui permettre de se positionner, combiné à «un tableau de bord structuré autour de trois ou quatre indicateurs-clés pour mesurer sa santé». Objectif affiché : «l’ambidextrie», autrement dit «la capacité à satisfaire simultanément les injonctions contradictoires inhérentes à chaque tension, car cette aptitude est propice à créer une situation d’équilibre [où patron et société se portent bien] de long terme».

(1) Auteur de La Santé du dirigeant de PME, un actif de l’entreprise ? (Forbes.fr, 7 mai 2018). 
(2) Résultats de l’Observatoire Harmonie mutuelle – Soregor – Viavoice sur la santé et le bien-être des dirigeants d’entreprise en Pays de la Loire (juin 2017). 
(3) Santé des dirigeants, santé des entreprises – Rapport de recherche exploratoire de la Fondation Université de Nantes et de Lemna (Laboratoire d’économie et de management de Nantes Atlantique), avec le soutien d’Harmonie mutuelle et de l’association 1nspire (mars 2019). 
(4) Docteur en psychologie, diplômée de Sciences Po et auteure de Du désir au plaisir de changer, Éditions Dunod. 
(5) THE BRIDGE – De la santé du dirigeant à celle de son entreprise et de ses salariés (resecum.com, juin 2017).

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